Meta apporte une réponse inédite à la récente évolution de la réglementation de l'UE en matière de publicités personnalisées. L'entreprise confronte désormais les Européens à deux choix : soit ils souscrivent un abonnement payant qui leur offre une expérience sans pistage ni publicité sur Facebook et Instagram, soit ils consentent au traitement de leurs informations à des fins de publicité personnalisée pour continuer à utiliser gratuitement les plateformes. Selon les experts, non seulement la mise à jour de Meta oblige les Européens à payer non seulement pour un semblant de vie privée, mais elle pourrait également mettre à rude épreuve la capacité de l'UE à contrôler les Big Tech.
Meta introduit un modèle de tarification pour ses utilisateurs basés en Europe
Depuis le début du mois, les utilisateurs de Facebook basés dans l'Espace économique européen (EEE), dans l'Union européenne (UE) et en Suisse sont soumis à une nouvelle politique de confidentialité sur Facebook et Instagram. Cette nouvelle politique, qui change radicalement la façon dont les deux plateformes ont fonctionné en Europe jusqu'à présent, indique aux utilisateurs : « dans la région européenne, vous pouvez vous abonner pour utiliser nos produits sans publicité, ou vous pouvez les utiliser gratuitement avec des publicités. Nous avons mis à jour nos conditions d'utilisation et nos politiques de confidentialité pour refléter ces options ».
[tweet]<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="en" dir="ltr">I think if <a href="https://twitter.com/Meta?ref_src=twsrc%5Etfw">@Meta</a> wants people to subscribe they need to be much better at explaining the value of the subscription. <br>Curious to see some stats, but right now I can’t see the value of paying 12.99/month just to remove ads. <a href="https://twitter.com/hashtag/facebook?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw">#facebook</a> <a href="https://twitter.com/hashtag/subscription?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw">#subscription</a> <a href="https://twitter.com/hashtag/meta?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw">#meta</a> <a href="https://twitter.com/hashtag/metapremium?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw">#metapremium</a> <a href="https://twitter.com/hashtag/instagram?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw">#instagram</a> <a href="https://t.co/9V8Cq8N8HT">pic.twitter.com/9V8Cq8N8HT</a></p>— Lorenzo Rossi (@LoryDoc87) <a href="https://twitter.com/LoryDoc87/status/1722150842961162426?ref_src=twsrc%5Etfw">November 8, 2023</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>[/tweet]
L'abonnement a des prix différents selon qu'il est acheté sur la plateforme Web ou via l'application mobile. L'achat via la plateforme Web coûte 9,99 € par mois pour un compte (plus 6 € pour chaque compte supplémentaire) et l'abonnement via l'application mobile coûte 12,99 € (plus 8 € par mois pour chaque compte supplémentaire). Cette différenciation dans la tarification des abonnements semble être due aux commissions facturées par les fournisseurs de magasins d'applications tels que Google et Apple. Il convient de noter que les fournisseurs d'applications ont rarement répercuté ces frais sur les utilisateurs finaux de manière aussi transparente.
Certains analystes considèrent l'annonce de Meta comme un pied de nez à l'UE. Le fait est que dans l'UE - où Meta déploie l'option d'abonnement sans publicité - la vie privée est un droit fondamental et les citoyens bénéficient de protections juridiques complètes pour leurs informations personnelles. De plus, ce changement stratégique est probablement une réponse de Meta à la récente évolution de la réglementation en Europe : le Conseil européen de la protection de la vie privée a déclaré que le marketing comportemental auquel s'adonne l'entreprise sur Facebook et Instagram est illégal. Les autorités européennes ont décidé d'interdire cette pratique.
L'abonnement payant proposé par Facebook et Instagram ne signifie pas que Meta arrête de collecter les informations personnelles des abonnés. Meta affirme juste que ses plateformes n'afficheront plus de publicité aux utilisateurs payants. Toutefois, ces derniers continueront à voir les messages des entreprises et des créateurs. Les critiques dénoncent un scandale et considèrent que l'abonnement payant n'est qu'un leurre et une escroquerie. En outre, Meta semble avoir délibérément dégradé la qualité de la version payante de ses plateformes afin d'inciter les utilisateurs à autoriser le pistage et les publicités plutôt que souscrire un abonnement.
Les utilisateurs payants ont une expérience limitée sur Facebook et Instagram
De nombreux utilisateurs protestent contre les changements apportés par Meta à Facebook et Instagram en Europe et menacent d'abandonner les deux plateformes. Un utilisateur qui a déjà été confronté à ce changement a écrit : « j'ai cliqué sur l'application Facebook pour prendre des nouvelles de mes amis lointains, et l'écran a été envahi par une fenêtre impossible à fermer qui me demandait d'accepter soit de leur donner carte blanche pour partager mes données avec des annonceurs (ce que je pouvais auparavant désactiver dans le centre de confidentialité), soit de débourser 10 € par mois. Je crois que c'est fini pour moi. J'ai supprimé l'application ».
[tweet]<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="en" dir="ltr">My mom opened her Instagram and was asked to upgrade (€12,99). <a href="https://twitter.com/search?q=%24META&src=ctag&ref_src=twsrc%5Etfw">$META</a> is going to get millions of paying subscribers. <a href="https://t.co/WfE4UupREA">pic.twitter.com/WfE4UupREA</a></p>— Amin (@eftegarie) <a href="https://twitter.com/eftegarie/status/1722158783705882646?ref_src=twsrc%5Etfw">November 8, 2023</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>[/tweet]
La mise à jour de Meta a quelque chose d'étrange : elle semble limiter l'expérience des utilisateurs payants au détriment des utilisateurs non payants. Par exemple, les utilisateurs ne pourront pas monétiser Reels, car selon Meta, leur capacité à faire de la publicité et à monétiser avec des annonces sera limitée. Les utilisateurs payants ne pourront pas non plus diffuser des publicités et des messages boostés pour les comptes Instagram et Facebook, ni même pour les pages Facebook, si celles-ci sont liées à un compte Instagram avec un abonnement payant. Enfin, les abonnés ne pourront pas participer à des partenariats publicitaires sur Instagram ou Facebook.
En gros, au lieu qu'un abonnement payant entraîne des améliorations de l'expérience utilisateur, ainsi que d'autres avantages par rapport aux utilisateurs non payants, Meta limite considérablement les possibilités des utilisateurs payants. Un utilisateur surpris par ces changements inédits exprime son étonnement sur X : « l'audace de Meta est de proposer soit de nous faire payer 13 euros par mois pour pourrir nos cerveaux, soit d'envahir notre vie privée. Les fils d'Instagram et de Facebook sont déjà saturés de publicités. C'est de la pure cupidité que d'exiger de suivre nos moindres faits et gestes. J'espère que la Commission européenne le brûlera ».
Selon les analystes, c'est la survie du modèle commercial de Meta qui est en jeu et la société n'a aucun intérêt à ce que les utilisateurs cessent de recevoir des publicités. L'ensemble de l'activité de Meta est basé sur la collecte de données et les abonnements payants pourraient limiter la capacité de l'entreprise à collecter des données et à cibler les utilisateurs. Meta a tenté de pivoter vers le métavers, d'où le changement de nom de Facebook en Meta, mais cela s'est soldé par un échec. La plateforme de métavers de Meta a englouti des dizaines de milliards de dollars, mais n'a pas suscité un grand intérêt, et l'entreprise n'a pas d'autres issues pour le moment.
Le service d'abonnement payant de Meta arrive juste après le plan Premium+ sans publicité proposé par X d'Elon Musk. Ce service peut coûter aux utilisateurs jusqu'à 168 $ par an pour une coche bleue, la possibilité de modifier les messages, etc. TikTok a suivi un chemin similaire, en envisageant un modèle d'abonnement mensuel à 4,99 $ pour supprimer les publicités. Toutefois, ce modèle est encore en phase de test et rien n'indique s'il sera mis en place ou quand il le sera.
L'abonnement payant vise juste à garantir la conformité avec les règles de l'UE
Meta laisse entendre lui-même que les publicités ciblées sont une manne financière sans équivalent. L'entreprise a déclaré que l'introduction d'un abonnement payant visait simplement à garantir la conformité avec les nouvelles réglementations européennes, et non à gagner de l'argent. En janvier dernier, la Commission irlandaise de protection des données (DCP) a infligé à Meta une amende de 390 millions d'euros pour avoir enfreint les règles européennes en matière de données et avoir forcé les utilisateurs à accepter des publicités ciblées. Meta a réfuté les allégations, déclarant que la DCP a tort en affirmant que l'entreprise a trompé ses utilisateurs.
Pourtant, il est prouvé que Meta se livre à une collecte massive de données sur les internautes. Comme le révèle sa politique de confidentialité, Facebook suit beaucoup plus d'informations que celles fournies par l'utilisateur lui-même. Cela inclut les activités des utilisateurs en dehors de Facebook, collectées par d'autres applications ou services concernant l'interaction avec eux. Les informations collectées par Meta incluent : les informations sur l'appareil l'utilisateur, les trajets Uber, les livraisons de nourriture, et bien d'autres. Il associe ensuite les activités des utilisateurs sur le Web à leurs comptes afin de fournir un contenu et des publicités personnalisés.
Meta a déclaré qu'il ne forçait pas le consentement en disant que les utilisateurs pouvaient soit accepter la manière dont leurs données étaient utilisées, soit quitter les plateformes. En annonçant les plans tarifaires pour les utilisateurs européens, Meta a déclaré que l'entreprise croit en un Internet financé par la publicité, qui permet aux gens d'accéder à des produits et services personnalisés, quel que soit leur statut économique. Meta estime que cela permet également aux petites entreprises d'atteindre des clients potentiels, de développer leurs activités et de créer de nouveaux marchés, stimulant ainsi la croissance de l'économie européenne.
« La possibilité d'acheter un abonnement sans publicité répond aux exigences des régulateurs européens tout en laissant le choix aux utilisateurs et en permettant à Meta de continuer à servir tous les habitants de l'UE, de l'EEE et de la Suisse », a déclaré Meta. En revanche, le service gratuit et financé par la publicité maintient son cours normal. « Et cette expérience continuera d'être soutenue par les outils et les paramètres que nous avons créés pour permettre aux utilisateurs de contrôler leur expérience de la publicité », a déclaré Meta. Les déclarations de Meta suggèrent que les utilisateurs qui choisissent de s'abonner se font quelque peu plumer.
« Avec Facebook et Instagram, vous payez de l'argent, mais vous êtes toujours le produit, car leur activité principale reste axée sur la publicité. Ils ne cessent pas de diffuser des publicités ni de collecter des données. Il semble qu'ils arrêtent simplement d'utiliser les données pour cibler les publicités », note un critique.
Source : Meta (1, 2, 3)
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Ce changement répond-il aux réglementations en vigueur dans l'UE comme l'entreprise le prétend ?
Êtes-vous prêt à payer un abonnement à Facebook ou Instagram ? Que pensez-vous de la version payante de X ?
S'agit-il d'une escroquerie ? Que pensez-vous des limites imposées par les versions payantes de Facebook et d'Instagram ?
Les limites imposées constituent-elles un moyen de contraindre les utilisateurs à accepter le pistage et les publicités ?
Les réseaux sociaux peuvent-ils cesser la collecte massive de données ? Quels seraient les impacts sur les utilisateurs ?
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Le , par Mathis Lucas
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