Une écrasante majorité des annonceurs les plus dépensiers au monde ont arrêté de faire de la publicité sur X après l'acquisition de la société par Elon Musk, selon de nouvelles données fournies par le cabinet de conseil en marketing Ebiquity.
Ebiquity, qui travaille avec 70 des 100 annonceurs les plus dépensiers, selon la société d'études médiatiques COMvergence, a déclaré que seulement deux de ses clients avaient acheté des publicités sur X le mois dernier. C'était une baisse par rapport aux 31 marques enregistrées en septembre de l'année dernière, avant le rachat de Twitter par Musk en octobre. Le nombre de clients Ebiquity faisant de la publicité sur X n'a cessé de diminuer depuis, selon les données.
Ebiquity n'a pas nommé ces annonceurs. Les clients d'Ebiquity comprennent Google, Walmart, Vodafone et General Motors, selon de récents documents financiers. La société a tiré ses données X de son unité de solutions de médias numériques, grâce à laquelle elle rassemble des données sur les investissements dans les médias numériques auprès des agences et des plateformes.
« Il s'agit d'une baisse que nous n'avons jamais vue auparavant pour aucune plateforme publicitaire majeure », a déclaré Ruben Schreurs, directeur de la stratégie d'Ebiquity.
Une analyse qui semble contredire les propos tenus récemment par Linda Yaccarino
Linda Yaccarino, PDG de X, a déclaré lors d'une récente interview que la plateforme devrait atteindre le seuil de rentabilité au début de l'année 2024.
« Maintenant que je me suis immergée dans l'entreprise et que nous avons une bonne vision de ce qui est prévisible, il semble que nous ferons des bénéfices au début de l'année 2024 », a déclaré Linda Yaccarino sur la scène de Code Conference, un événement annuel qui réunit les principaux dirigeants du monde de la technologie et des affaires pour discuter de l'avenir. Lors de l'interview, Yaccarino, ancienne responsable des ventes publicitaires de NBCUniversal, a été confrontée à des questions sur sa capacité à reconstruire l'activité publicitaire de la plateforme de médias sociaux après les difficultés rencontrées par le propriétaire de l'entreprise, Elon Musk.
Yaccarino a cité quelques points positifs qui pourraient conduire X vers le seuil de rentabilité. Elle a déclaré que 90% des 100 plus gros annonceurs sont revenus sur la plateforme au cours des douze dernières semaines seulement. Le chaos né des premières décisions de Musk avait poussé des dizaines d'annonceurs de premier plan à quitter la plateforme. À en croire Yaccarino, les annonceurs semblent revenir progressivement, pendant que X retrouve une certaine forme de stabilité. Musk a tweeté en septembre que les recettes publicitaires de X aux États-Unis avaient baissé de 60%, sans préciser la période concernée ni les causes à l'origine de cette baisse.
Alors que certaines entreprises, dont le groupe alimentaire Mondelez International et la société pharmaceutique Eli Lilly, sont revenues sur la plateforme, d'autres sont hésitantes, à cause de l'agitation qui règne autour du site. Yaccarino a pris la parole environ une heure après que Yoel Roth, ancien responsable de la confiance et de la sécurité chez Twitter, a déclaré dans une interview lors de la même conférence que la plateforme est moins sûre pour les annonceurs qu'elle ne l'était auparavant. « Ils vont avoir besoin de preuves de progrès en matière de sécurité que Twitter ne peut pas fournir », a-t-il déclaré à propos des spécialistes du marketing.
Roth a déclaré que Twitter n'était pas parfait avant la prise de contrôle par Musk. Selon lui, il y avait d'énormes problèmes de sécurité et l'entreprise essayait de suivre des règles et des principes pour résoudre ces problèmes de manière systématique. « Et tout d'un coup, cela n'a plus existé », a déclaré Roth. Lorsqu'on lui a demandé de réagir aux déclarations de Roth, Yaccarino a déclaré que ce dernier ne la connaissait pas, qu'elle ne connaissait pas Roth et que la version de Twitter pour laquelle il travaillait n'existait plus. Par ailleurs, X a également réduit ses effectifs à 1 500 personnes, mais n'a toujours pas payé d'indemnités aux milliers d'employés licenciés.
À ce propos, l'entreprise est visée par de nombreux recours collectifs. De récents rapports ont souligné que X doit faire face à plus de 2 000 demandes d'arbitrages et que ces demandes représentaient plus de 3,5 millions de dollars rien qu'en frais de dossier. Musk, qui a jusque-là manqué de flexibilité sur la question des indemnités des employés licenciés, aurait finalement accepté de négocier. Shannon Liss-Riordan, l'avocate qui représente les anciens employés de X dans cette procédure, affirme que l'entreprise souhaite entamer une médiation avec eux dans le cadre d'une tentative globale de règlement de toutes les plaintes qu'ils ont déposées.
Pourquoi les annonceurs boudent-ils Twitter/X ?
Les raisons de ce boycott publicitaire sont multiples. Tout d’abord, les changements radicaux apportés par Musk à X ont suscité la controverse et l’inquiétude parmi les utilisateurs, les médias et les régulateurs. Musk a changé le logo emblématique de l’oiseau en un “X”, ainsi que le nom de l'application.
Ce changement radical dans le nom et le logo fait partie d’un plan ambitieux de Musk, qui a racheté Twitter pour 44 milliards de dollars en octobre 2022, de transformer le réseau social en une « application tout-en-un » qui offrirait des services variés comme la messagerie, la vidéo, l’audio, les paiements et le commerce. Selon Musk, le choix du “X” vise à « incarner les imperfections en nous tous qui nous rendent uniques ».
Ce rebranding a donné lieu à quelques problèmes. Nous pouvons par exemple rappeler qu'il a conduit au blocage du site en Indonésie en vertu des lois strictes du pays limitant la pornographie et les jeux d'argent. Le ministère de la Communication et de l'Informatique du pays d'Asie du Sud-Est a déclaré que le blocage concernait le domaine "X.com", qui avait auparavant été utilisé pour héberger du contenu qui violait les lois de la nation à majorité musulmane contre le contenu « négatif » à l'instar du contenu pour adultes, selon à Al Jazeera. Le nombre de téléchargements a également baissé, l'hypothèse d'Eric Seufert, un stratège média qui dirige la plateforme Mobile Dev Memo, étant que si les utilisateurs les plus connectés sont au courant du changement de nom de Twitter en X, la plupart des consommateurs ne le sont pas, et leurs recherches pour “Twitter” sur les plateformes renvoient des résultats qui ne sont pas du tout évocateurs de Twitter.
Les comptes précédemment suspendus, rétablis au gré du nouveau patron
Peu de temps après avoir pris le contrôle du réseau social, Elon Musk a déclaré qu'il ne rétablirait aucun compte suspendu définitivement tant que la société n'aurait pas mis en place et convoqué un conseil de modération de contenu avec « des points de vue très divers ». Après trois semaines à la tête de Twitter, Elon Musk n’avait toujours pas mis en place ce fameux conseil éthique. D'ailleurs, il prenait les décisions importantes lui-même, directement ou sous couverture.
C'est dans ce contexte qu'il a lancé un sondage, disant à ses abonnés sur Twitter : « Réintégration de l'ancien président Trump », en leur proposant de répondre « oui » ou « non ». À la suite de ce sondage, le « Oui » l'a emporté par une mince marge de 52 % à 48 %. Par la suite, il a écrit « Vox Populi, Vox Dei » (littéralement « la voix du peuple est la voix de Dieu »). Quelques minutes après le message d'Elon Musk, le compte de Donald Trump était de nouveau visible.
Les employés
Peu de temps après sa prise de fonction, Twitter a licencié sans préavis 50% de ses employés, y compris les employés de l'équipe de confiance et de sécurité, selon le responsable de la sécurité et de l'intégrité de l'entreprise, Yoel Roth : « La réduction de nos ressources humaines d'hier a touché environ 15 % de notre organisation Trust & Safety (contre environ 50 % de licenciements à l'échelle de l'entreprise), notre personnel de modération de première ligne subissant le moins d'impact ».
Après avoir licencié près de 3 700 personnes, Twitter s'est adressé à des dizaines d'employés qui ont perdu leur emploi et leur a demandé de revenir.
Certains de ceux à qui on demande de revenir ont été licenciés par erreur, selon des personnes familières avec les décisions. D'autres ont été licenciés avant que la direction ne se rende compte que leur travail et leur expérience pourraient être nécessaires pour créer les nouvelles fonctionnalités envisagées par Musk, ont-elles assuré.
Le personnel restant a reçu l'ordre de travailler 84 heures par semaine et les managers ont dormi au bureau le week-end. Des ingénieurs de Tesla, en qui Elon Musk a confiance, son venu dans les locaux de Twitter pour analyser le code de leurs confrères, même si leurs compétences acquises en travaillant sur Autopilot et d'autres logiciels et matériels Tesla ne chevauchent pas directement les langages et les systèmes utilisés pour construire et entretenir Twitter / X.
X demande aux annonceurs de dépenser 1 000 $ par mois sous peine de perdre leur badge doré
Après avoir annoncé son changement de marque en X, Twitter a décidé de faire pression sur les annonceurs dans le but d'augmenter ses résultats. La dernière stratégie de l'entreprise pour augmenter ses revenus, selon le Wall Street Journal, est de demander aux marques de dépenser au moins 1 000 dollars par mois en publicités afin de maintenir leur statut vérifié sur la plateforme.
Répondant à un tweet sur le rapport du Wall Street Journal, Musk a déclaré que le coût « modérément élevé » est une mesure préventive pour aider à réduire le nombre d'escrocs créant « des millions de comptes » sur la plateforme. Musk a ajouté que les marques pourraient plutôt choisir de payer 1 000 $ par mois pour le badge d'organisation vérifié de l'entreprise.
Ou ils peuvent simplement payer 1 000 $/mois pour un abonnement d'organisation vérifié avec la possibilité de transmettre cette autorité organisationnelle aux affiliés. Cela est plus que rentable en termes de portée organique.
La raison des 1 000 $/mois est de fixer une barre modérément élevée pour être une organisation vérifiée, de sorte qu'une organisation doit être d'une taille non triviale pour se qualifier et rendre coûteuse la création de millions de comptes par les escrocs.
La raison des 1 000 $/mois est de fixer une barre modérément élevée pour être une organisation vérifiée, de sorte qu'une organisation doit être d'une taille non triviale pour se qualifier et rendre coûteuse la création de millions de comptes par les escrocs.
Bien que le tarif mensuel de 1 000 $ ne soit probablement pas un problème pour les grandes marques, le nouveau changement pourrait nuire aux petites entreprises qui ne veulent pas ou n'ont pas le budget supplémentaire à engager.
Source : Ebiquity
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