À la suite de l'annonce du report de l'initiative Privacy Sandbox faite le mois dernier, Google a publié un calendrier détaillé des dates auxquelles il prévoit de lancer ses différentes propositions, y compris le très décrié FLoC. Le calendrier regroupe les propositions de Privacy Sandbox en plusieurs phases et montre les étapes auxquelles elles devraient se trouver dans les deux prochaines années. Selon le calendrier, Google prévoit que la plupart de ces propositions seront "prêtes à être adoptées" au troisième trimestre 2022. Cette mise en œuvre devrait se terminer jusqu'à la fin du troisième trimestre 2023, mais Google prévoit de mettre à jour ce calendrier régulièrement au fur et à mesure que les choses avancent, ce qui est logique étant donné les difficultés actuelles de Google à adopter ces propositions.
Sur la page dédiée à son projet groupé, Google a publié une mise à jour du calendrier de l'introduction de la technologie de navigateur "Privacy Sandbox" et de l'élimination progressive des cookies tiers. Le nouveau calendrier divise l'ensemble des technologies de Privacy Sandbox en cinq phases qui sont : discussion, tests, mise en œuvre dans Chrome (étape appelée "Prêt pour l'adoption", état 1 de transition pendant lequel Chrome « surveillera l'adoption et le retour d'information », puis l'étape suivante qui implique la suppression progressive de la prise en charge des cookies tiers sur une période de trois mois se terminant "fin 2023".
Bien que "fin 2023" puisse sembler très éloigné, le calendrier a révélé que la "discussion" sur le litigieux FLoC (Federated Learning of Cohorts) est prévue pour se terminer au troisième trimestre 2021 – dans quelques mois seulement – et que la discussion sur les "First Party Sets", rejetés par le groupe d'architecture technique du W3C comme « nuisibles au Web dans sa forme actuelle », est prévue pour se terminer vers la mi-novembre.
Google a déclaré que « les discussions et les phases de test prolongées produisent souvent des solutions meilleures et plus complètes, et le calendrier des tests et de l'adoption des cas d'utilisation pourrait changer en conséquence », de sorte que les dates ne sont pas gravées dans le marbre. Rien n'indique que l'une ou l'autre des propositions sera retirée ; l'entreprise semble croire qu'elle peut apaiser les inquiétudes en modifiant ses propositions plutôt qu'en les abandonnant.
Supprimer progressivement les cookies tiers jusqu'à la fin de 2023
En juin, le géant de la technologie a déclaré que, malgré les « progrès considérables » réalisés dans le cadre de son initiative, l'entreprise a besoin de plus de temps « dans l'ensemble de l'écosystème pour y parvenir ». « L'initiative Privacy Sandbox vise à créer des technologies Web qui protègent à la fois la vie privée des personnes en ligne et donnent aux entreprises et aux développeurs les outils nécessaires pour construire des entreprises numériques prospères afin de garder le Web ouvert et accessible à tous, maintenant et pour l'avenir », a écrit Google. « Pour ce faire, nous devons avancer à un rythme responsable ».
La société a ajouté que l'objectif est d'avoir des technologies clés déployées d'ici la fin de 2022 pour que la communauté des développeurs commence à les adopter, et sous réserve d'un engagement avec l'Autorité de la concurrence et des marchés du Royaume-Uni, « Chrome pourrait alors supprimer progressivement les cookies tiers sur une période de trois mois, à partir de la mi-2023 et jusqu'à la fin de 2023 ».
Plus précisément, la suppression progressive des cookies tiers relève du FLoC. Google présente cette initiative comme un moyen de préserver la confidentialité des utilisateurs tout en donnant aux annonceurs des résultats similaires à ceux des cookies tiers. Au lieu d'utiliser des identifiants individuels pour identifier et suivre les utilisateurs, FLoC entend regrouper les utilisateurs en fonction de leurs habitudes de navigation. Selon Google, « les utilisateurs individuels sont indiscernables au sein d'une même cohorte ».
Les cookies tiers sont utilisés pour tout, y compris la collecte et la segmentation des données d'audience, le ciblage et la personnalisation des publicités et la mesure granulaire de l'attribution. De nombreux acteurs du secteur ne sont pas totalement convaincus que cette technologie est la meilleure option pour remplacer les cookies. Plusieurs entreprises à l'origine de certains des meilleurs navigateurs Android ont déjà bloqué la nouvelle technologie et ont depuis réaffirmé leurs positions.
« Le W3C n'a pas à être le patron de qui que ce soit, les décisions vont être prises au niveau de chacun des navigateurs »
La discussion sur les différents éléments doit avoir lieu au sein du W3C Web Incubator Community Group (WICG), bien que, lors d'un appel FLEDGE WICG la semaine dernière, Michael Kleber, responsable technique de Privacy Sandbox chez Google, ait laissé entendre que le W3C ne déciderait pas des technologies mises en œuvre, du moins dans le contexte de FLEDGE (anciennement TURTLEDOVE), qui permet de réaliser des enchères pour des annonces personnalisées de manière plus privée que ce qui se fait jusqu’à maintenant.
FLEDGE est en concurrence avec PARAKEET et MaCAW, développés par Microsoft. Julien Delhommeau, architecte système chez Xandr, une société spécialisée dans les technologies publicitaires, a demandé à Kleber si le WICG aurait son mot à dire sur l'adoption de FLEDGE ou de PARAKEET/MaCAW : « Le W3C n'a pas à être le patron de qui que ce soit, les décisions vont être prises au niveau de chacun des navigateurs. L'objectif n'est pas d'avoir un gagnant et tous les autres perdants – l'objectif du W3C est de présenter un tas d'idées, de comprendre les points positifs de chacune d'entre elles, et d'arriver à une solution qui présente les caractéristiques les plus nécessaires. Tous les navigateurs semblent vouloir la convergence, à long terme, et il est donc important de trouver le moyen de la réaliser ».
L'objectif du Privacy Sandbox de Google est de réduire le suivi des utilisateurs tout en permettant à l'industrie adtech de continuer à montrer des publicités personnalisées aux utilisateurs.
« Comment les sites Web peuvent-ils financer le contenu en permettant à des tiers de montrer des annonces et de mesurer la performance des annonces – mais sans permettre le profilage des utilisateurs individuels ? », a demandé Sam Dutton, défenseur des développeurs chez Google. La société a fait valoir que la suppression de la personnalisation de la publicité sur le Web réduirait considérablement les revenus publicitaires.
Google a effectué en 2019 ses propres tests, en désactivant les cookies tiers pour des utilisateurs choisis au hasard, pour son propre système de gestion des annonces. « Nous avons observé que, pour les 500 premiers éditeurs mondiaux, le revenu moyen dans le groupe de traitement a diminué de 52 %, avec une baisse médiane par éditeur de 64 % », a indiqué Google. Il y a donc beaucoup d'argent en jeu, et des nuances autour de questions telles que la centralisation d'une influence supplémentaire sur le Web entre les mains de quelques grandes entreprises, notamment Google.
Selon Kleber, lorsqu'on lui a demandé en mai dernier si la publicité personnalisée pouvait être supprimée du Web, il a répondu que « si la plupart des sites du monde perdaient 50 à 70 % de leurs revenus dans l'alternative que vous préconisez, Google n'en fait pas partie ». Il a fait cette affirmation en se basant sur le fait que « Google tire la majeure partie de ses revenus des annonces qui apparaissent sur Google Search », qui ne nécessitent pas de technologie de suivi.
Malgré les protestations des défenseurs de la vie privée, Google va de l’avant avec son projet de technologies groupées, qui comprend plusieurs propositions pour Chrome et le Web. Google mettra à jour mensuellement le calendrier, selon la FAQ publiée avec le planning. À la question de savoir s’il s'agit de la liste définitive des technologies que Chrome prendra en charge, Google répond :
« Pas nécessairement. Chrome se concentre sur le développement de propositions qui prennent en charge les principaux cas d'utilisation. L'ensemble des propositions permettant de résoudre un cas d'utilisation particulier (par exemple, l'affichage de contenus et de publicités pertinents) peut changer et évoluer au fil du temps, en fonction des commentaires et des tests de la communauté Web. Les API indiquées dans la chronologie sont basées sur les attentes actuelles et peuvent changer ».
Source : Google
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Voir aussi :
Le FLoC de Google est une idée terrible, affirme l'EFF, la nouvelle méthode de pistage visant à remplacer les cookies tiers créerait de nouveaux risques pour la vie privée
Google affirme qu'il n'utilisera pas de nouvelles méthodes de pistage, tandis qu'il procède progressivement à la suppression des cookies tiers à des fins publicitaires de son navigateur
Google progresse dans sa lutte contre les cookies tiers sur son navigateur, et commence à tester des outils de substitution comme son API Trust Token
Le W3C rejette la proposition de Google de traiter plusieurs domaines comme appartenant à la même organisation, déclarant que cela est nuisible à l'architecture d'origine du Web
Google met à jour le calendrier de l'impopulaire "Privacy Sandbox", qui supprimera les cookies tiers dans Chrome d'ici 2023
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Le , par Stan Adkens
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